Un monde inconnu s’est ouvert sur la Terre
Pierres figées, arrondies, courbées d’une attente dernière
Fantômes du passé, défi à l’écoulement du temps
Attraction muette de pierre à pierre
Arbre solitaire, nuages fous, poissons volants
Ombres éparses, temps suspendu,
Nul horizon ne cerne plus la Terre
– – –
Ils sont là, tels de gros phoques, poissons en habit,
Figés dans l’écoulement du temps
Poissons fantômes piégés dans la pierre,
Courbés par l’érosion de la pluie et du vent
Seul végétal jailli de la terre,
Un arbre, vers eux, puissamment,
Etire ses branches, en signe de ralliement
Au ciel, un ballet fou de nuages
A terre, des herbes sèches
Ailleurs, des ombres courtes, serrées,
Au plus près de la pierre
– – –
Blocs de granit épars dans la clairière
Fantômes assoupis bercés par le vent
De sa toison touffue, épaisse, solitaire,
L’arbre les protège,
De ces nuages fous, qui courent au firmament.
– – –
Attente
Posés comme de gros sacs au sommeil millénaire,
Vers l’arbre protecteur, ils cheminent lentement
L’un d’eux a gagné son ombre solitaire,
D’autres amorcent un départ imminent
Nul bruit, nul horizon ne cerne cette Terre.
Monique Martin, Janvier 2021